La COVID-19 touche particulièrement la santé mentale des parents et des femmes.
Radio-Canada
Près d’un parent sur trois ayant un enfant de moins de 18 ans à la maison se sent déprimé actuellement, selon une étude du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto (CAMH). Une réalité qui soulève certaines inquiétudes quant aux effets à long terme de la COVID-19.
Les parents de mineurs ont de grands défis à la maison [avec la pandémie], ils ont plus d’anxiété et ressentent parfois un sentiment de dépression, note la chercheuse Hayley Hamilton de CAMHCentre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto.
Toutefois, la COVID-19 ne touche pas seulement les parents, selon l’étude menée du 18 au 22 septembre auprès de 1000 adultes.
Ainsi, un répondant sur cinq dit avoir demandé de l’aide professionnelle pour des questions de santé mentale.
Il s’agit d’un problème particulièrement criant pour les femmes. Près du quart des répondantes disent avoir un niveau modéré à sévère d’anxiété, contre 18 % chez les hommes.
En revanche, le niveau de solitude ressenti est similaire chez les répondants masculins et féminins.
La chercheuse Hayley Hamilton de CAMH.
PHOTO : CBC/MEHRDAD NAZARAHARI
Les effets secondaires de la COVID-19
Cette détresse psychologique se fait tout autant ressentir du côté des jeunes et des enfants, reconnaît la directrice générale du Centre francophone du Grand Toronto, Florence Ngenzebuhoro. Elle le remarque auprès de sa clientèle.
Mme Ngenzebuhoro spécifie que tous les problèmes que vivent les familles ont un impact immédiat sur les enfants. Le centre offre entre autres des services en santé mentale.
On constate de la dépression, de l’anxiété, même des idées suicidaires chez nos jeunes francophones et auprès de leur famille.
Florence Ngenzebuhoro constate les conséquences de la COVID-19 auprès de la clientèle du Centre francophone du Grand Toronto.
PHOTO : RADIO-CANADA / FRANÇIS FERLAND
Dans ce contexte, Florence Ngenzebuhoro est grandement inquiète des effets à long terme que subissent des familles, comme la pauvreté, les séparations et la violence conjugale, d’autant plus que les intervenants et thérapeutes sont débordés et font face au burn-out .
Elle espère que les services sociaux et communautaires ne seront pas oubliés des gouvernements, alors que la grande priorité pour l’instant est la relance économique.
La peur du virus
Par ailleurs, selon l’étude de CAMH, de plus en plus de Canadiens ont peur de contracter le coronavirus. Plus du quart des répondants craignent ainsi d’avoir la COVID-19, contre environ 20 % lors du précédent sondage de CAMHCentre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto durant l’été.
L’inquiétude devient plus grande, dit la Dre Hamilton.
Ces constats rejoignent les conclusions d’autres études précédentes, y compris celles de la firme de ressources humaines Morneau Shepell. Les parents font face à l’anxiété de leurs enfants et aux défis de trouver un équilibre entre le travail, l’école et le temps passé à élever leurs enfants, explique l’analyste de la compagnie Paula Allen.
Parmi les inquiétudes principales relevées chez les répondants :
L’impact financier de la pandémie
La peur de tomber malade
La crainte de perdre un être cher à cause de la COVID-19
La ligne d’aide téléphonique 211 lancée au printemps à Toronto reçoit plus de 2500 à 4500 appels par semaine, indique la Ville.
Le militant Mark Henick recommande aussi d’appeler régulièrement ses amis et ses proches ou de communiquer avec eux grâce aux médias sociaux pour combattre l’isolement.
Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, si besoin est. Même si vous n’êtes pas sûr que ce soit un symptôme officiel ou même si ça ne perturbe pas grandement votre vie, dit-il, ça vaut la peine de demander de l’aide, ne serait-ce que pour avoir quelques stratégies pour faire face à ces enjeux. Il n’y a pas de raison de souffrir en silence.