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Québec n’a pas écouté ses experts sur l’administration rapide d’une 3e dose aux infectés – Journal de Québec

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VINCENT LARIN
 
MISE À JOUR 
 

La décision de Québec de permettre aux personnes infectées par la COVID-19 de recevoir une 3e dose dès la fin de leurs symptômes relève de besoins «opérationnels» et non de l’avis de ses experts en santé publique.

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Le ministère de la Santé a pourtant affirmé mercredi qu’elle avait été prise «à la suite d’une recommandation de la santé publique», or deux membres du comité d’immunisation du Québec (CIQ) répliquent qu’il s’agit plutôt d’une décision gouvernementale.

Questionné à savoir sur quels arguments scientifiques il se basait, le MSSS n’avait pas encore répondu mercredi en fin d’après-midi.

L’Agence QMI a toutefois obtenu la recommandation de l’ancien directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, à ce sujet, un document qu’il a signé le jour même de sa démission.

Une dernière recommandation d’Arruda

En faveur de permettre aux infectés d’obtenir rapidement une 3dose, ce dernier considère les positions des «Centers for Disease Control and Prevention» (CDC) américaines et du comité consultatif national de l’immunisation (CCNI).

Il cite également la «non-disponibilité des tests PCR» et «la capacité limitée des laboratoires» où sont analysés les tests.

La position du Comité d’immunisation du Québec (CIQ) y est également mentionnée, mais pour dire qu’elle «n’élime pas» l’option.

Or, il ne s’agit pas tout à fait de l’avis du groupe d’experts normalement consultés par le gouvernement, estiment le Dr Gaston De Serres et la Dre Maryse Guay, aussi professeure à l’Université de Sherbrooke.

«On en a discuté avec eux et on a dit : non, nous autres on ne va pas là» a indiqué en entrevue, Gaston De Serres, en précisant qu’il s’agit d’une des premières fois où le gouvernement ne suit pas la position du CIQ.

Impératifs opérationnels et administratifs

«Le CIQ n’a pas dit: vous pouvez le faire avant, non, non non. Il y a une décision au niveau du gouvernement de dire «on veut le faire plus tôt», mais ce n’est pas l’avis du CIQ», a précisé le médecin-épidémiologiste.

Selon la position exacte du CIQ, une personne infectée à la COVID devrait plutôt «idéalement» attendre trois mois avant d’avoir sa 3e dose de vaccin et «minimalement» huit semaines.

«Ça n’a pas changé du côté des données scientifiques, la maladie offre une excellente protection, mais actuellement, les impératifs opérationnels ou administratifs ont pris le dessus», a indiqué pour sa part la Dre Maryse Guay.

Dans le contexte où les tests PCR analysés en laboratoires sont maintenant réservés à certaines catégories de travailleurs essentiels et où il manque de tests rapides, Gaston De Serres dit toutefois comprendre l’utilité d’une telle décision, notamment pour la gestion du passeport vaccinal. De nombreux Québécois symptomatiques ignorent s’ils ont contracté la COVID-19 ou bien un autre virus et ne savent donc pas s’ils doivent attendre avant d’avoir leur 3e dose.

Pour le passeport vaccinal?

Jeudi dernier, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé son intention d’élargir le passeport vaccinal à trois doses une fois que toute la population aura eu l’occasion de la recevoir, ce qui pourrait prendre plusieurs mois si les gens infectés doivent attendre le délai recommandé par le CIQ.

«De dire qu’on va faire comme si l’infection n’existait pas et que ça prend trois doses pour tout le monde pour le passeport [vaccinal], oui, ça rend le passeport facile à gérer, mais est-ce que c’est une raison médicale qui justifie ça? Bien non», a souligné Gaston De Serres.

SOURCE: LE JOURNAL DE QUEBEC