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L’Ordre des chimistes « préoccupé » par l’adoucissement des normes sur le nickel – Le Devoir

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Isabelle Porter

À Québec

La décision du ministère de l’Environnement d’assouplir les normes québécoises sur la concentration acceptable de nickel dans l’air laisse perplexe l’Ordre des chimistes du Québec.

« Ça va à l’encontre de ce qu’on essaie de faire aujourd’hui vis à vis des substances qui peuvent être dangereuses pour la santé », a réagi le président de l’Ordre, Michel Alsayegh. « On a demandé plus de détails sur les études qui ont mené à ce changement-là. »

Le ministère a annoncé au printemps que la norme annuelle sur les taux de nickel dans l’air passerait de 12ng/m³ à 20ng/m³. Le projet de règlement à ce sujet n’a toutefois pas encore été déposé.

« Avec les technologies dont on dispose aujourd’hui, on se demande pourquoi on n’essaie pas, au contraire, de faire en sorte de garder ces concentrations-là basses », poursuit M. Alsayegh.

Le sujet des concentrations de particules de nickel dans l’air avait fait les manchettes en 2013, quand une étude du ministère avait révélé que les concentrations de nickel dans l’air du quartier Limoilou pouvaient être jusqu’à huit fois supérieures à la norme du Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère.

Deux ans plus tard, une étude de la Direction de la santé publique avait établi que dans l’ensemble, les risques que cela posait pour la santé étaient « faibles ».

Cette question avait notamment été au cœur d’une action collective menée contre le Port par un groupe de citoyens qui a depuis été défait en Cour supérieure.

Le passage à une norme de 20ng/m³ ferait en sorte que les dépassements de nickel seraient beaucoup moins fréquents, évalue M. Alsayegh.

Un enjeu local sensible

Le Port avait d’ailleurs salué l’entrée en vigueur de la nouvelle norme lors de l’annonce du ministère en mars.

Plus tôt mardi, le député solidaire Sol Zanetti a vivement dénoncé cette décision. « C’est plus facile de relever la norme que de tout essayer pour diminuer les émissions », dit-il en reprochant au gouvernement d’avoir cédé au lobbying des minières.

Le député, qui a déposé une pétition à l’Assemblée nationale à ce sujet, représente justement la circonscription de Jean-Lesage et le quartier Limoilou où des concentrations anormales avaient été mesurées en 2013.

Les citoyens, souligne-t-il, sont très sensibles à ce sujet. D’ailleurs des conseils de quartier sont déjà intervenus pour demander au ministre de l’Environnement, Benoît Charette, de reculer.

La décision de changer la norme a été prise par un comité interministériel constitué de représentants de l’Institut national de santé publique, du ministère de la Santé, du ministère de l’Économie et de l’Innovation, du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, de la Société du Plan Nord, du Secrétariat aux affaires autochtones et du ministère de l’Environnement. Ce comité a été mis sur pied en 2017.

Lors de l’annonce, le ministère de l’Environnement a fait valoir qu’il s’agissait d’une « solution optimale » tenant compte à la fois des « enjeux économiques » et des « connaissances scientifiques sur la présence du nickel dans l’air ».

SOURCE: LE DEVOIR