Radio-Canada
La pénurie de lits dans les hôpitaux en Ontario fait les grands titres depuis plusieurs semaines. Si plusieurs blâment le manque de ressources financières et humaines, certains experts estiment plutôt que c’est le système qui est à repenser.
Un texte de Marine Lefèvre
Cette semaine, le PDG de l’hôpital régional de Windsor indiquait que le manque de lits à Windsor pourrait être mieux géré si un mégahôpital était construit.
Selon David Musyj, une plus grande structure offrirait un espace élargi.
Or, le projet de mégahôpital aurait plus de place physique, mais le même nombre de lits que les installations actuelles, notamment en raison d’un manque de financement.
Des ratios en baisse depuis les années 1980
Cela fait environ 30 ans que le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux est en baisse par rapport au nombre d’habitants au Canada.
En Ontario, cette tendance négative est encore plus marquée, ce ratio étant passé de 5,4 il y a une trentaine d’années à 2,2 de nos jours.
Selon Steven Lewis, analyste en politique de santé, cette baisse s’explique en partie par l’évolution de la médecine.
« De plus en plus de chirurgies d’un jour qui ne nécessitent pas l’hospitalisation des patients sont pratiquées. »
Il estime que la réduction des séjours permet aussi de limiter les risques de contaminations et d’infections.
C’est aussi ce que pense Réjean Hébert, professeur au département de gestion, d’évaluation et de politique de santé à l’Université de Montréal et ancien ministre de la Santé du Québec, qui préconise d’accentuer le virage vers les soins à domicile et les soins de première ligne.
PHOTO : ISTOCK
Une politique inadaptée
Selon M. Hébert, le système de santé canadien a été élaboré pour répondre aux besoins d’une population jeune, notamment au niveau des soins hospitaliers.
Or depuis plusieurs décennies, le vieillissement de la population nécessite de repenser le type de soins en cessant de mettre l’accent sur les hôpitaux.
« Parce qu’on n’a pas de soins à domicile, on ne peut pas faire sortir ces malades-là de l’hôpital, et donc on a des hôpitaux qui débordent. »
Pour éviter l’engorgement des établissements hospitaliers, M. Hébert préconise l’implantation de plusieurs stratégies, notamment la mise en place d’une assurance publique qui couvre les soins de longue durée pour les personnes âgées et handicapées qui sont en perte d’autonomie.
Certains pays européens et asiatiques comme le Danemark et la Corée ont déjà mis en place ce type d’approche.