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Masques à la garderie : une mère doute de l’efficacité de la mesure – Radio-Canada ICI Nouveau-Brunswick

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PHOTO : GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO / GARGONIA
Au Nouveau-Brunswick, les enfants âgés de deux ans et plus doivent porter un masque lorsqu’ils se trouvent dans les aires communes d’une garderie depuis le 11 octobre.

« J’espère que notre gouvernement prend en considération le bien-être de nos enfants et l’avis des experts. »

Laurianne Croteau

Publié le 20 octobre 2020

Une mère demande au gouvernement du Nouveau-Brunswick de revenir sur sa décision de rendre le port du masque obligatoire pour les enfants de deux ans et plus dans les garderies des zones orange. Elle doute que cette mesure soit basée sur des données scientifiques, puisque l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne recommande pas cette pratique.

Sara Jane Vermette, une mère d’un garçon de deux ans de Moncton, ne croit pas que la province s’appuie sur des données probantes pour rendre les masques obligatoires chez les bambins.

Sara Jane Vermette sourit à la caméra.

La mère d’un petit garçon de deux ans, Sara Jane Vermette, s’inquiète des conséquences que pourrait entraîner le port du masque pour son fils.

PHOTO : RADIO-CANADA

Si on regarde l’avis de nos experts et même de l’OMS , ils ne recommandent pas le port du masque parmi les enfants de 0 à 5 ans, explique-t-elle.

Des avis d’experts divergents

En effet, l’agence de l’ONU stipule que les enfants âgés de 5 ans et moins ne devraient pas être tenus de porter un masque.

Ces conseils reposent sur la sécurité et l’intérêt global de l’enfant et sur sa capacité à utiliser correctement un masque avec un minimum d’assistance, selon l’OMS O.

Pour s’assurer que la mesure soit efficace, il faut ainsi que les éducateurs supervisent la mise en place et le retrait du masque, d’après l’agence onusienne. Si l’enfant porte un masque, un parent ou un autre adulte responsable doit se trouver dans le champ de vision direct de l’enfant pour pouvoir contrôler l’utilisation du masque en toute sécurité.

La pédiatre-infectiologue Valérie Lamarre abonde dans le même sens. C’est beaucoup d’énergie à renforcer cette mesure auprès d’enfants qui vont constamment enlever et remettre leur masque, croit-elle. La faisabilité me semble très faible, et surtout, pour quoi faire?

Je trouve que c’est un peu inutile comme mesure pour des enfants de cet âge-là qui ne sont pas très sujets à attraper ou à propager la COVID-19.

Valérie Lamarre, pédiatre-infectiologue au CHU Sainte-Justine

Sara Jane Vermette a justement constaté la difficulté de son enfant à porter le masque de façon appropriée, notamment parce qu’elle a du mal à en trouver un à sa taille. Mais la nécessité que son garçon reçoit constamment de l’aide la met également mal à l’aise.

L’éducatrice doit ajuster le masque constamment. Donc, il y a quelqu’un qui touche son visage plusieurs fois par jour, ce qui contribue aussi à la propagation des germes.

Sara Jane Vermette

La pédiatre Natacha Hébert croit quant à elle que les enfants ont une grande capacité d’adaptation et qu’ils comprennent peu à peu comment manipuler le masque ainsi que les raisons de le porter.

C’est surprenant de voir à quel point ils sont capables de s’adapter, remarque la pédiatre de l’hôpital Georges Dumont, à Moncton. Au printemps, quand ils portaient le masque, ils passaient tout leur temps à jouer dans leur visage. L’efficacité [du masque] à ce moment-là était très douteuse, mais j’ai remarqué qu’au fil des mois, les enfants y touchent beaucoup moins.

La pédiatre Natasha Hébert dans son bureau.
PHOTO : RADIO-CANADA. La pédiatre Natasha Hébert croit qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité des enfants à s’adapter, et que le port du masque sera de plus en plus efficace sur les bambins.
Elle admet toutefois qu’il faut évaluer la situation en cas par cas.

C’est sûr que ce ne sont pas tous les enfants qui sont capables de porter un masque.

Natasha Hébert, pédiatre à l’hôpital Georges Dumont, à Moncton

Certains n’ont pas la maturité nécessaire, ou ont des problèmes de développement, explique-t-elle. C’est sûr qu’il y a des situations particulières dans lesquelles ça serait mission impossible.

Elle répète toutefois que selon elle, il faut faire confiance à la Santé publique du Nouveau-Brunswick et aux normes qu’elle établit puisque les mesures qu’elle met en place visent à protéger la population.

Un changement à venir?

Le gouvernement a annoncé le 11 octobre que les enfants âgés de deux ans et plus doivent porter un masque lorsqu’ils se trouvent dans les aires communes et lorsqu’ils utilisent les moyens de transport fournis par l’établissement [de garderie éducative] par voie de communiqué(Nouvelle fenêtre).

Pourtant, même l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) ne va pas en ce sens. Elle admet, à l’instar de l’OMS O, qu’un masque qui n’est pas porté correctement présente un risque plutôt qu’un avantage , puisqu’il peut accroître le toucher du visage et, potentiellement, entraîner l’autocontamination et la contamination d’autres surfaces.

Il se peut que les enfants (surtout les enfants en bas âge) et les jeunes ne soient pas en mesure de porter le MNM [masque non médical] correctement et en toute sécurité durant la journée […] sans aide.

Agence de la Santé publique du Canada

La médecin hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, la Dre Jennifer Russell, a admis en conférence de presse lundi qu’elle était au courant des divergences de recommandations entre le Nouveau-Brunswick et l’ASPC .

Elle a ajouté que l’agence canadienne avait modifié ses directives la semaine dernière, et qu’elle réviserait prochainement ses recommandations pour mieux refléter ces changements.

Avec les informations de Wildinette Paul