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DPJ : Québec pourrait revoir le principe de la primauté parentale – Radio-Canada

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« On veut plus de prévention, moins de DPJ » – Lionel Carmant

Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.
 

Avant même le dépôt du rapport final de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ) cet automne, le gouvernement a déjà amorcé un « changement de culture » au sein de la Direction de la protection de la jeunesse, affirme le ministre Lionel Carmant.

En entrevue à l’émission 24•60, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux a promis que ce rapport fort attendu ne sera pas tabletté et confirme que des discussions sont déjà en cours avec le ministère de la Justice pour modifier la Loi sur la protection de la jeunesse.

On s’attend à rouvrir la loi cet automne, a déclaré M. Carmant. Il faut changer la loi; elle n’a pas évolué depuis 40 ans sur certains aspects.

D’ailleurs, le gouvernement a annoncé la semaine dernière la nomination de Catherine Lemay à titre de première directrice nationale de la protection de la jeunesse. Mme Lemay doit entreprendre une réflexion portant non seulement sur les services de protection de la jeunesse, mais également sur la loi qui l’encadre et sur le rôle des tribunaux, des services sociaux et des autres acteurs concernés.

Elle aura le statut de sous-ministre adjointe de la nouvelle Direction générale du développement, du bien-être et de la protection de la jeunesse, et de directrice nationale de la protection de la jeunesse.

Un des éléments qui pourraient être modifiés est la notion de primauté parentale, dit M. Carmant. Il faut que ce soit le bien-être de l’enfant qui prime. La science nous montre que les choses ont changé. Ça n’a pas nécessairement besoin d’être la famille biologique; il faut que l’enfant soit dans un environnement aimant.

Le ministre ajoute par ailleurs que le concept de confidentialité ne peut pas primer sur le bien-être de l’enfant. Des fois, la confidentialité met en danger l’enfant. Ça ne peut pas continuer. Il faut qu’une famille d’accueil sache ce qui met en danger la vie de l’enfant, ce que l’enfant a vécu, comment il va réagir dans certaines situations.

La présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, Régine Laurent, déplore elle aussi le fait que tout le monde travaille en silo. Il faut un minimum de partage d’information entre les écoles, les familles d’accueil, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et les médecins.

L’entrevue de Lionel Carmant et Régine Laurent à 24•60 Grand angle sera rediffusée dimanche à 16 h 30 à ICI RDI, après la rediffusion du dernier épisode de la série Au coeur de la DPJ.

On veut plus de prévention, moins de DPJ

Lionel Carmant déplore le fait que trop d’enfants ont une histoire familiale avec la DPJ et qu’il est impératif de briser le cercle.

Et la meilleure façon d’y arriver est de travailler en amont et d’offrir plus de services aux parents, croit-il. Par exemple, dit-il, les interventions auprès des mères à risque doivent commencer dès le début de la grossesse. On peut améliorer la situation si les enfants sont pris en charge assez tôt.

Si le gouvernement a ajouté des centaines de travailleurs pour aider les intervenantes qui sont déjà surchargées, M. Carmant reconnaît que ce n’est pas suffisant. Avec plus de 118 000 signalements à la DPJ l’an dernier, il est clair que trop de familles n’ont pas eu les services dont elles avaient besoin.

Près de 26 % des enfants suivis par la DPJ ont été placés en famille d’accueil en 2020.

Mme Laurent espère pour sa part qu’il y aura une meilleure harmonisation des services d’une région à l’autre. Les enfants [de régions différentes] ont droit aux mêmes services.

Elle ajoute que les délais d’intervention doivent considérablement être réduits et qu’il ne faut pas que les cas judiciarisés traînent. Il faut arrêter d’attendre des années parce que ce n’est pas dans l’intérêt de l’enfant, de la famille, dit Mme Laurent, en rappelant que pour un enfant de 2 ans, six mois [d’attente], c’est le quart de sa vie.

Enfin, M. Carmant et Mme Laurent estiment qu’il faut reconnaître la lourde charge que portent les intervenants de la DPJ. C’est un travail difficile, complexe, nuancé, dit Mme Laurent. C’est très intrusif dans les familles, et les intervenantes doivent décider de l’avenir des enfants. Ça démontre à quel point c’est une pratique très spécialisée qui doit être soutenue.