Écrit par Mathilde Obert
Publié Le 12.01.2022 • Édité Le 13.01.2022
Les pétitionnaires et leurs invités, pour le moins controversés, ont exposé leurs arguments contre la vaccination obligatoire lors d’un débat mercredi 12 janvier. Les députés regrettent de ne pas avoir pu répondre à toutes leurs questions. Un autre débat, consultatif et demandé par Xavier Bettel, doit se tenir la semaine prochaine.
«La présidente de la commission des pétitions, Nancy Arendt (CSV), a rappelé que les députés auront un débat sur l’obligation vaccinale en séance publique la semaine prochaine. De manière générale, les députés regrettent que certaines questions qu’ils ont posées aux pétitionnaires n’aient pas trouvé de réponses. De même, ils regrettent de ne pas avoir pu prendre connaissance en amont du débat public de certaines informations relayées par les pétitionnaires et y réagir de manière adéquate.»
Telle est la conclusion donnée par la Chambre des députés à la suite du double débat qui s’est tenu mercredi 12 janvier, de 14h à 17h15, au sujet de la vaccination obligatoire. À ne pas confondre avec le débat consultatif demandé par le Premier ministre , Xavier Bettel (DP), sur le même thème, et évoqué par Nancy Arendt. Ici, la discussion faisait suite à deux pétitions lancées l’été dernier et qui ont dépassé les 4.500 signatures nécessaires à la tenue d’un débat public. La ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP) était aussi présente.
Une fracture sociétale
La première pétition, déposée en juillet 2021 par Christelle Pizzirulli, se nomme «Pétition contre la vaccination obligatoire Covid-19 pour les citoyens» . Elle avait récolté 11.456 signatures validées. La seconde, de David Georgiu, «Stop aux vaccins de type thérapie génétique (Covid-19) à nos enfants» , en avait recueilli 4.674 après son lancement en juin dernier.
Les pétitions ont été discutées l’une après l’autre. «Il y a des gens qui ne veulent pas se faire vacciner, il faut le respecter», a commencé Christelle Pizzirulli. Elle a rédigé sa pétition bien avant que le gouvernement ne parle d’obligation vaccinale. Mais pour elle, les mesures sanitaires telles que le CovidCheck obligatoire au travail dès le 15 janvier correspondent déjà à une forme d’«obligation vaccinale déguisée». Elle estime qu’une grande partie de la population a été «vaccinée contre sa volonté». La situation crée une «fracture sociétale» et une «discrimination fondée sur la santé», dénonce-t-elle. «Les droits des citoyens sont déterminés en fonction d’un état vaccinal.»
Elle était accompagnée du très controversé Luc Montagnier. Ce prix Nobel de médecine en 2008 avait affirmé dans des médias que le coronavirus pouvait venir d’une création humaine en laboratoire, ce qui lui avait valu plusieurs critiques, qualifiant ses propos de «fake news» . Bien avant l’arrivée du Covid-19, des scientifiques avaient dénoncé des prises de position «dangereuses» contre les vaccins dans une pétition, selon plusieurs médias français . «Si la médecine conduit à des morts, je suis contre», a-t-il clamé à la Chambre des députés. Il critique une «énorme campagne pour vendre et imposer des préparations qui tuent un certain nombre de personnes, même si elles ne tuent pas tout le monde, heureusement».
La crainte pour les plus jeunes
Alexandra Henrion-Caude, directrice de son propre institut de recherche après avoir travaillé à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), a elle aussi vivement critiqué l’obligation vaccinale. Connue en France également pour ses prises de position contre le vaccin, l’Inserm se serait désolidarisé de ses propos.
«Au moment où j’ai écrit la pétition, j’étais conscient que la vaccination des enfants allait devenir une réalité», complète David Georgiu. Pour qui il n’est pas «éthique d’injecter un produit dont nous ne savons rien pour protéger les plus âgés». Christian Perronne, vaccinologue, chercheur, spécialiste mondial des maladies infectieuses, ajoute qu’il ne comprend pas cette logique, sachant que les enfants ne «développent pas de formes graves» et que le vaccin n’empêche pas la transmission du virus. Il avait été démis de ses fonctions de chef de service par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et poursuivi par l’Ordre des médecins en décembre 2020 à cause de propos polémiques sur la pandémie.
Paulette Lenert a de son côté mis en avant que «le collectif prime».
Les invités ont cité plusieurs documents scientifiques lors du débat. «Des arguments qui n’ont pas pu être remis en cause ou validés», regrette la Chambre des députés, qui aurait préféré les recevoir en amont, afin de les analyser. Elle le fera peut-être d’ici le débat consultatif.