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Cas, hospitalisations et décès chez les aînés vaccinés: un gériatre déplore l’absence de données – Le Quotidien

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Élisabeth Fleury
ÉLISABETH FLEURY
Le Soleil
 
S’il ne fait aucun doute que l’administration d’une première dose de vaccin a globalement permis de préserver les usagers des milieux de vie pour aînés des ravages de la troisième vague de COVID-19, on ne sait toutefois pas exactement dans quelle mesure, faute de données. Une situation qui désole le gériatre Quoc Dinh Nguyen.

Dans le cadre d’un reportage sur l’impact de la vaccination dans la Capitale-Nationale publié jeudi, Le Soleil rapportait que le ministère de la Santé et l’Institut national de santé publique du Québec ne disposaient d’aucune donnée sur le nombre d’infections, d’hospitalisations et de décès liés à la COVID-19 chez les personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin, tant dans les milieux de vie pour aînés que dans la population générale.

En date du 5 mai, les données du ministère de la Santé faisaient état de 42 cas actifs et de 18 décès dans les CHSLD de la province, et de 104 cas actifs et de 17 décès dans les résidences privées pour aînés (RPA), mais on ignore combien parmi les résidents infectés avaient été partiellement vaccinés.

«On le sait qu’il y a des éclosions, on le sait qu’il y a des décès, bien que ce ne soit certainement pas à la hauteur de ce qu’on a eu à la première et à la deuxième vague. […] Et ça, ça a probablement contribué à amener le Comité sur l’immunisation du Québec [CIQ] à faire récemment un avis pour qu’on donne sans plus tarder la deuxième dose en CHSLD. Mais la vérité, c’est qu’il aurait été encore mieux de monitorer tout ça en temps réel […] afin de voir si, sur le terrain, le vaccin fonctionne, et à quel point», dit en entrevue le Dr Quoc Dinh Nguyen, gériatre au CHUM.

Pour rappel, Québec a promis le 20 avril que tous les aînés des CHSLD auront reçu d’ici vendredi une deuxième dose de vaccin, 16 semaines après la première.

Selon le Dr Quoc Dinh Nguyen, si les autorités avaient eu «de meilleures données», peut-être qu’elles auraient décidé de donner plus tôt la deuxième dose aux usagers des CHSLD. «J’espère que les deuxièmes doses dans les résidences privées pour aînés et les résidences intermédiaires seront elles aussi administrées sans plus tarder, parce que là, on va déconfiner progressivement la société…» souligne le Dr Nguyen.

 

Quoc Dinh Nguyen, gériatre

Le gériatre rappelle qu’il est «plus compliqué» pour les personnes âgées de développer une réponse immunitaire rapide, efficace et durable.

«C’est certainement plus long [que deux semaines, comme les gens plus jeunes en bonne santé] de développer des anticorps, et les anticorps semblent persister un peu moins longtemps. Et les personnes qui vivent en CHSLD, ce n’est pas seulement des gens très âgés, c’est aussi des gens en perte d’autonomie, qui ont plusieurs maladies, et on sait que quand des pathologies s’accumulent, ça a un impact sur l’immunité», signale le médecin.

«Comme gériatre qui connaît très bien la population âgée, l’analyse faite [par le CIQ sur l’allongement du délai entre les deux doses] ne me convainquait pas. […] Parce qu’on n’a pas de bases de données au Québec qui permet de lier vaccination, cas, hospitalisations et décès, ça m’apparaissait comme une approximation très imparfaite. Encore aujourd’hui, je ne sais toujours pas c’est quoi l’efficacité vaccinale pour les personnes âgées avec une première dose. Je sais qu’il y en a une, je sais que ça fonctionne, mais je ne sais pas dans quelle mesure. Et ça, il faut que ça change», ajoute-t-il.

Si la décision d’étirer le délai entre les deux doses pour pouvoir vacciner plus de gens se défendait, selon lui, «il faut, pour faire les choses correctement, être capable de surveiller les effets [de la vaccination] chez les gens les plus vulnérables» et constituer une base de données afin de pouvoir mesurer l’impact d’une deuxième dose donnée plusieurs semaines après la première.

Le Dr Nguyen insiste: en choisissant d’étirer significativement le délai entre la première et la deuxième dose, les autorités avaient «la responsabilité de développer des données spécifiques au Québec». Elles ne pouvaient pas se fier aux données d’un pays ou d’une province qui n’a pas allongé ou allongé autant le délai de 21 jours préconisé par les fabricants, dit le gériatre.

Selon lui, l’insuffisance ou l’absence de données au Québec, «c’est une des faiblesses de cette pandémie-là». «On s’est amélioré, mais il y a encore bien du chemin à faire», estime le médecin.

SOURCE: LE QUOTIDIEN