« Il est absolument impensable que la CAQ, avec sa cellule de crise composée en majorité d’experts en communications et de stratèges politiques, continue de prendre des décisions en catimini pour gérer la crise sanitaire en pleine période électorale », a soutenu vendredi Joël Arseneau, critique péquiste en matière de santé et député des Îles-de-la-Madeleine.
Son parti propose donc de nommer « dès maintenant » un observateur indépendant qui agirait de manière impartiale, à la manière du vérificateur général, par exemple, afin d’assurer une gestion de crise « non partisane et transparente », dans le « meilleur intérêt de tous les Québécois ».
Depuis quelques mois, l’indépendance de la Santé publique a fait l’objet de nombreux débats. Ses représentants ont été beaucoup plus présents avec la pandémie, souvent aux côtés de représentants du gouvernement Legault. Ce dernier a toutefois décidé ces derniers mois de séparer les points de presse gouvernementaux de ceux de la Santé publique.
Québec se défend
Jeudi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, était néanmoins au côté du directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, pour faire le point sur la COVID-19. « Le Dr Boileau va continuer d’avoir cette indépendance d’informer cliniquement la population », a d’ailleurs dit le ministre à ce sujet, ajoutant toutefois que son rôle était aussi d’« informer la population » au-delà de l’enjeu clinique.
Le cabinet de M. Dubé a répondu par la négative à la demande du Parti québécois, vendredi, rétorquant plutôt que « la direction nationale de la santé publique est entièrement indépendante et est entourée de plusieurs experts indépendants, notamment de l’INSPQ, de l’INESSS et du CIQ, pour émettre les recommandations au gouvernement ».
« Depuis plusieurs mois, le directeur national de la santé publique tient ses propres points de presse. Pour ce qui est de détacher le titre du sous-ministre de celui du directeur national de la santé publique au Québec, c’est une réflexion qui est déjà entamée, alors que la Commissaire à la santé et au bien-être s’est prononcée en ce sens », a expliqué l’attachée de presse Mylène Dalaire, rappelant que le récent Plan santé du ministre Dubé avait aussi annoncé « une réforme de la Santé publique pour plus d’indépendance ».
« Un risque de partisanerie »
Mais selon Joël Arseneau, le terrain demeure glissant, surtout en contexte préélectoral. « On ne peut pas accepter que la CAQ continue de prendre les décisions seule et sans transparence, alors qu’il y a un risque de partisanerie », déplore-t-il, accusant le parti au pouvoir de n’avoir « pas encore fourni de plan pour assurer une indépendance de la gestion sanitaire ».
En janvier, le premier ministre François Legault n’avait pas rejeté une possible révision de la fonction de directeur national de santé publique au Québec. Aucune action n’a toutefois encore été entreprise en ce sens.
Le critique libéral en santé, Monsef Derraji, a rappelé vendredi qu’il avait déjà proposé en janvier « la formation d’un comité d’experts indépendants. Ce groupe non partisan, dit-il, permettrait d’avoir plus de prévisibilité » et « d’éviter de fermer notre économie à nouveau ».
Aucune nouvelle restriction sanitaire n’est pour l’instant envisagée au Québec, même si la Santé publique a confirmé jeudi qu’une septième vague balayait bel et bien la province. Les autorités affirment que la situation est « sous contrôle », mais qu’il faudra être très vigilant dans les prochaines semaines.