L’opposition à Québec dénonce un manque de transparence, après que le ministère de l’Éducation a transmis à Radio-Canada des courriels très largement caviardés en réponse à une demande d’accès aux documents publics sur la qualité de l’air à l’école.
Des zones grises recouvrent les deux tiers des 27 pages de courriels communiqués par le ministère. Du contenu encore visible de ces messages, on trouve peu d’informations pertinentes pour éclairer la saga de la qualité de l’air à l’école qui a opposé, en coulisses, le ministère de l’Éducation et la santé publique.
« Des blocs entiers caviardés. Ça n’a pas de bon sens », s’est exclamé le député libéral Marc Tanguay à l’Assemblée nationale, mardi, en brandissant une pile de feuilles pleines de rectangles gris.
« Qu’est-ce que le ministre de l’Éducation ne veut pas que les Québécois sachent? »
Grâce à des informateurs et à des documents confidentiels, Radio-Canada a révélé ce printemps que la santé publique n’avait jamais approuvé les tests controversés de qualité de l’air menés dans les classes, contrairement à ce qu’affirmait le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.
L’ex-numéro 2 de la santé publique, le Dr Richard Massé, s’en était offusqué à l’interne, écrivant : Là, c’est assez! Je ne suis pas d’accord qu’on nous mette les mots dans la bouche.
Toute cette saga est désespérante
, selon la porte-parole du Parti québécois en matière d’éducation, Véronique Hivon. Avec sa collègue libérale Marwah Rizqy, elle a réitéré la demande que la Commission de la culture et de l’éducation auditionne les acteurs clés de cette affaire.
La porte-parole de Québec solidaire en matière d’Éducation Christine Labrie a aussi fortement réagi. « C’est désolant de voir jusqu’où le ministère doit aller pour cacher l’incompétence du ministre Roberge », a-t-elle déclaré.
Cinq mois pour obtenir les documents
La demande pour avoir accès aux courriels avait été faite le 6 avril. La réponse est parvenue le 21 septembre, cinq mois plus tard. Le délai légal pour répondre à une demande d’accès aux documents est de 30 jours.
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a aussi dénoncé le manque de transparence et le caviardage
des documents du ministère de l’Éducation. Le ministre Jean-François Roberge devra s’expliquer
, selon la FAE.
Interpellé à l’Assemblée nationale, le ministre Roberge a tenu à rappeler que la qualité de l’air est tout à fait acceptable
dans à peu près 90 % des classes
et que des appareils de mesure sont en cours d’installation dans toutes les écoles.
« Aujourd’hui, les parents sont pour la plupart au travail parce que les classes sont ouvertes. Il y a plus de 99,5 % des classes qui sont ouvertes. »
Sans jamais répondre à la question spécifique du caviardage, le ministre en a profité pour attaquer l’opposition officielle, en accusant les gouvernements libéraux successifs d’avoir laissé à l’abandon le parc-école
.
Le dossier de la qualité de l’air suit le ministre Roberge depuis près d’un an.
Même les hauts fonctionnaires espèrent mettre ce dossier derrière eux depuis des mois. Un courriel écrit par le sous-ministre à l’Éducation Alain Sans Cartier, en janvier, avait d’ailleurs pour objet : Pour en finir avec la ventilation dans les écoles
.
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SOURCE RADIO-CANADA