Diffusion : 2021-03-10
Les effets de la COVID-19 se font toujours sentir sur les collectivités et les familles partout au pays, et de nombreuses personnes ont perdu des membres de leur famille et des amis. Au-delà des décès attribuables à la maladie elle-même, la pandémie pourrait aussi avoir des conséquences indirectes qui font augmenter ou diminuer le nombre de décès attribuables à différents facteurs, comme le report de procédures médicales ou l’augmentation de la consommation d’alcool ou de drogues. Pour comprendre les répercussions directes et indirectes de la pandémie, il est important de mesurer la surmortalité, qui se produit lorsque le nombre de décès enregistrés au cours d’une période est supérieur à ce qui serait attendu. Il convient cependant de noter que, même en l’absence de pandémie, le nombre de décès déclarés pour une semaine donnée varie d’une année à l’autre. Par conséquent, le nombre de décès auquel on peut s’attendre devrait se situer dans une certaine fourchette. La surmortalité survient lorsque le nombre de décès dépasse cette fourchette.
De janvier à la mi-décembre 2020, on estime à 296 373 le nombre de décès survenus au Canada, ce qui représente un excédent de 13 798 décès par rapport à ce qu’on aurait pu s’attendre en l’absence de pandémie. Cela correspond à une augmentation des décès d’environ 5 % par rapport au nombre attendu au cours de cette période, après avoir tenu compte des changements survenus au sein de la population comme le vieillissement, et à une augmentation des décès d’environ 7 % par rapport aux 277 276 décès observés au cours de la même période en 2019.
Dans le cadre de son engagement à produire des renseignements actuels et pertinents sur la COVID-19 et ses répercussions sur les Canadiens, Statistique Canada diffuse aujourd’hui la mise à jour d’un ensemble de données provisoires tiré de la Base canadienne de données sur les décès de la Statistique de l’état civil, qui porte sur la période allant de janvier à la mi-décembre.
Cette mise à jour s’accompagne d’une révision des estimations provisoires des décès, qui ont été corrigées lorsque cela était possible, pour tenir compte de la nature incomplète des chiffres. Les estimations provisoires continueront d’être révisées au moment des diffusions subséquentes, au fur et à mesure que de nouveaux renseignements seront fournis par les bureaux provinciaux et territoriaux de l’état civil.
Les répercussions directes de la COVID-19 ne permettent pas d’expliquer la totalité des décès en surnombre observés au Canada en 2020, particulièrement à l’automne
Au cours des premiers mois de la pandémie, le nombre hebdomadaire de décès en surnombre et celui des décès causés par la COVID-19 étaient étroitement liés et touchaient principalement les populations plus âgées, ce qui laisse penser que la COVID-19 elle-même a joué un rôle important dans la surmortalité au Canada. Toutefois, plus récemment, le nombre de décès en surnombre a été plus élevé que celui des décès attribuables à la COVID-19. Ces décès touchent des populations plus jeunes, ce qui laisse supposer que d’autres facteurs, y compris les effets indirects possibles de la pandémie, entrent en jeu.
Du début de la pandémie de COVID-19 en mars au début de juin, on a enregistré 8 530 décès pour lesquels la COVID-19 était la cause initiale, selon le certificat médical de décès. Ce nombre a dépassé de moins de 1 % celui des décès en surnombre (8 496) au cours de cette période. La concordance des nombres au début de la pandémie n’est peut-être pas surprenante, car il était peut-être trop tôt pour que certaines conséquences indirectes possibles de la pandémie aient un effet. À ce moment, la surmortalité aurait été en grande partie attribuable à la COVID-19 elle-même.
Dans l’ensemble, au cours des premiers mois de la pandémie, 86 % des décès en surnombre sont survenus chez des personnes de 65 ans et plus. De même, les décès attribuables à la COVID-19 touchaient aussi de manière disproportionnée les populations plus âgées pendant la période allant de mars au début juin. Environ 94 % des décès attribuables à la COVID-19 concernaient des personnes de 65 ans et plus.
Après plusieurs mois pendant lesquels les décès se situaient dans la fourchette attendue, le Canada a de nouveau affiché une surmortalité à l’échelle nationale à partir de septembre. De septembre à novembre, on a fait état en tout de 3 626 décès en surnombre à l’échelle nationale. Au cours de la même période, on a fait état de 1 835 décès directement causés par la COVID-19 et on s’attend à ce que ce nombre augmente puisque un plus grand nombre de décès sont déclarés par les provinces et les territoires.
Outre la différence entre le nombre de décès en surnombre et celui des décès causés par la COVID-19, les groupes d’âge touchés par les deux n’étaient plus aussi étroitement liés à l’automne par rapport au printemps. À l’instar de ce qui a été observé au printemps, environ 95 % des décès directement causés par la COVID-19 au cours de l’automne concernaient des personnes de 65 ans et plus.
Cependant, au cours de l’automne 2020, les jeunes ont été plus durement touchés par la surmortalité puisque 35 % de ces décès concernaient des personnes de moins de 65 ans, en hausse par rapport aux 14 % enregistrés au printemps.
Les hommes âgés de moins de 45 ans ont affiché un nombre de décès supérieur de 24 % à ce qui était attendu. Ils ont été suivis des femmes dans le groupe d’âge des 45 à 64 ans, qui ont affiché un nombre de décès supérieur de 14 % au nombre attendu. À titre de comparaison, on a enregistré 6 % de décès de plus que le nombre attendu chez les personnes de 85 ans et plus au cours de l’automne.
Étant donné que ces changements entraînent une augmentation du nombre de décès qui ne sont pas directement causés par la COVID-19, il est important de noter que certains décès peuvent être attribuables aux répercussions indirectes de la pandémie, qui pourraient comprendre une hausse de la mortalité attribuable aux surdoses. Par exemple, le Bureau du coroner en chef de la Colombie-Britannique fait état d’une augmentation des décès attribuables aux surdoses depuis le début de la pandémie. De même, l’Alberta Health a fait état d’une diminution à la fois de la prestation de services et du recours à ceux-ci dans le cadre de programmes de traitement liés à la consommation d’alcool ou de drogues ainsi que d’une augmentation des interventions d’urgence et des décès liés aux opioïdes depuis le début de la pandémie. Les décès par surdose touchent de manière disproportionnée les jeunes hommes. Par exemple, selon un rapport de l’Alberta Health, du 1er janvier au 30 juin 2020, 79 % des surdoses de fentanyl en apparence accidentelles concernaient des hommes, et ceux âgés de 25 à 39 ans formaient la plus forte proportion de ces décès.
Le nombre de provinces qui font état d’une surmortalité augmente à mesure que la pandémie progresse
Le nombre de décès déclarés au cours de l’automne reflète également un changement dans la répartition de la surmortalité entre les provinces. Au printemps, plus de la moitié des décès en surnombre par rapport à ce qui était attendu sont survenus au Québec (52 %). Cependant, de septembre à novembre, environ 15 % des décès en surnombre sont survenus dans cette province. En fait, le Québec n’a pas enregistré de surmortalité significative depuis juin.
Une partie de ce changement s’explique par l’augmentation de la surmortalité en Alberta et en Colombie-Britannique. À l’automne, on a enregistré 12 % de décès de plus que ce qui était attendu en Alberta, ce qui représente une hausse comparativement aux 5 % de décès de plus observés au printemps. De même, la Colombie-Britannique a enregistré 9 % de décès de plus que ce qui était attendu à l’automne, comparativement aux 6 % de décès de plus observés au printemps.
Une surmortalité a également été observée à l’automne, pour la première fois, en Saskatchewan, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. La Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick ont enregistré 9 % de décès de plus que le nombre attendu pendant cette période, alors que la Nouvelle-Écosse a enregistré 6 % de décès de plus.
La proportion de la surmortalité en l’Ontario est demeurée relativement la même au cours de la période allant du printemps (39 %) à l’automne (40 %).
Pour certaines provinces, des augmentations du nombre de décès liés à d’autres causes ont également été observées en 2020
Statistique Canada a également diffusé aujourd’hui des données provisoires sur les causes de décès pour la période allant de janvier à la mi-décembre 2020. Les résultats provisoires sur les causes de décès, bien qu’incomplets, apportent tout de même un éclairage sur les changements survenus au chapitre de la mortalité pendant la pandémie. Les causes de décès ont été déclarées pour 94 % des décès survenus au cours de la première période de surmortalité au Canada, soit pour la période allant de mars à juin.
Selon les données reçues à ce jour, de mars à juin, plusieurs provinces ont observé un nombre plus élevé de décès pour certaines causes comparativement à la même période des années précédentes. Par exemple, le nombre de décès causés par des maladies cardiaques en Ontario s’est accru pour passer de 4 125 au printemps 2019 à 4 345 au printemps 2020; il s’agit d’un nombre de décès supérieur à ceux observés au printemps au cours des cinq années précédentes. Alors que le nombre de décès par surdose à l’échelle du Canada semble avoir diminué en 2019 par rapport aux sommets atteints en 2017 et 2018, il y a des signes avant-coureurs d’une hausse en 2020. Par exemple, l’Alberta a fait état de 220 décès causés par des surdoses de mars à juin 2020, alors que 170 décès par surdose sont survenus au cours de la même période en 2019. Cela pourrait être une première indication des répercussions indirectes de la pandémie, avant que les tendances de surmortalité ne commencent à toucher les personnes plus jeunes après cette période.
Note aux lecteurs
Les données diffusées aujourd’hui sont provisoires, puisque, en raison des délais de déclaration, elles ne rendent pas compte de tous les décès qui sont survenus pendant la période de référence, et qu’elles ne comprennent pas les données du Yukon. Les chiffres provisoires sur les décès sont fondés sur les données déclarées à Statistique Canada par les registraires provinciaux et territoriaux de l’état civil. Les estimations provisoires des décès ont été corrigées pour tenir compte des données incomplètes, dans la mesure du possible. Le nombre de cas de surmortalité dont il est question dans la présente analyse renvoie aux estimations provisoires. Pour obtenir des renseignements sur les méthodes utilisées, veuillez consulter le module Définitions, sources de données et méthodes relatif à l’enquête 3233— Base canadienne de données de l’état civil – Décès.
Les chiffres et les estimations provisoires des décès diffusés aujourd’hui pour 2020 pourraient ne pas correspondre à ceux provenant d’autres sources (par exemple, reportages dans les médias), ou à ceux provenant des autorités provinciales ou territoriales de la santé ou d’autres organismes.
Les décès causés par la COVID-19 sont ceux pour lesquels il a été déterminé que la COVID-19 constituait la cause initiale du décès, définie par l’Organisation mondiale de la santé comme « la maladie ou le traumatisme qui a déclenché l’évolution morbide conduisant directement au décès, ou les circonstances de l’accident ou de la violence qui ont entraîné le traumatisme mortel ». La cause initiale du décès est choisie parmi les causes et les conditions énumérées sur le certificat médical de décès rempli par un professionnel de la santé, un médecin légiste ou un coroner. Ces chiffres excluent les cas pour lesquels une cause pourrait être déclarée sur le certificat médical de décès mais où elle n’est pas considérée comme la cause initiale du décès. Bien que toute augmentation des causes de décès autres que la COVID-19 puisse être indirectement liée à la pandémie, il est important de noter qu’il y a toujours une certaine variation du nombre de personnes qui décèdent d’une année à l’autre. Contrairement à l’analyse de la surmortalité, la comparaison avec les chiffres précédents concernant les causes de décès ne tient pas compte de cette variabilité ni d’autres changements non attribuables à la COVID-19, comme le vieillissement de la population. Il est possible d’obtenir de plus amples renseignements sur les causes de décès, y compris la certification et la classification des décès liés à la COVID-19, dans l’étude « Comorbidités liées aux décès impliquant la COVID-19 au Canada ».
Les références à la période allant de la fin mars au début juin désignent la période allant de la semaine se terminant le 28 mars à la semaine se terminant le 6 juin. Les références à la période allant de la mi-septembre à novembre désignent la période allant de la semaine se terminant le 26 septembre à la semaine se terminant le 21 novembre.
De plus amples renseignements sur la surmortalité pendant la pandémie de COVID-19 au Canada peuvent être obtenus dans l’article « La surmortalité au Canada pendant la pandémie de la COVID-19 ».
Les renseignements concernant les décès attribuables aux drogues en Alberta et en Colombie-Britannique sont tirés des publications suivantes :
- Alberta Health. (2020). Alberta COVID-19 Opioid Surveillance Report, Q2 2020. Edmonton, AB: Government of Alberta.
- British Columbia Coroners Service. (2020). Illicit Drug Toxicity Deaths in BC, January 1, 2010 – November 30, 2020. Victoria, BC: Government of British Columbia.
Produits
Pour déterminer plus facilement les tendances relatives à la surmortalité selon la province et le territoire, l’outil de visualisation interactif « Estimations provisoires hebdomadaires du nombre de décès, du nombre de décès attendus et de surmortalité : outil interactif » est mis à jour.
Pour déterminer plus facilement les tendances relatives au nombre de décès hebdomadaires selon le groupe d’âge et le sexe, par province et territoire, l’outil de visualisation interactif « Nombre provisoire de décès hebdomadaires : outil interactif » est également mis à jour.
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