FEBRUARY 24, 2010
By Reuters Staff
PARIS (Reuters) – L’Assemblée nationale a décidé, par un vote à mains levées, de créer une commission d’enquête parlementaire sur la manière dont a été conduite la campagne de vaccination contre la grppe A(H1N1).
Pour être rejetée, il aurait fallu que les 3/5e des députés s’opposent à cette demande du groupe du Nouveau centre (NC).
Les députés NC et du groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR, PC et Verts) ont voté pour.
Estimant la demande “superfétatoire et inutile”, le groupe UMP s’est abstenu, de même que le groupe socialiste, radical et citoyen (SRC), qui a jugé le champ d’investigation trop étroit.
Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a pris acte de cette décision et s’est déclarée prête à “apporter tous les éléments d’information” nécessaires pour alimenter ses travaux.
“Je souhaite qu’elle soit l’occasion d’une analyse, de revenir sur le passé sans évidemment se livrer aux délices de la lucidité a posteriori ni à l’expertise de la troisième mi-temps”, a-t-elle toutefois averti.
Roselyne Bachelot fait face aux vives critiques de l’opposition de gauche visant la gestion de la pandémie de grippe A (H1N1), qualifiée d’échec.
Même si elle dit avoir appliqué le principe de précaution, elle a confirmé en partie les problèmes qui font l’objet des critiques, laissant notamment entrevoir le paiement par l’Etat d’indemnisations à l’industrie après l’annonce de son intention de résilier des commandes portant sur 50 millions de doses de vaccin, sur 94 millions initialement commandées.
Des vaccins ont été revendus à certains pays, mais la France se retrouve avec des millions de doses inutiles alors que cinq millions de personnes ont été vaccinées à ce jour et que l’épidémie est officiellement terminée.
ENQUÊTE SUR LE RÔLE DES LABORATOIRES
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est quant à elle accusée d’avoir exagéré les risques d’une pandémie de grippe A sous l’influence des laboratoires pharmaceutiques.
L’épidémie de grippe A (H1N1) a provoqué pour l’instant, en un peu moins d’un an, 14.000 décès dans le monde, c’est-à-dire moins que la grippe saisonnière, alors que 175 millions de doses ont été administrées, selon les chiffres de l’OMS.
La ministre de la Santé a souhaité que cette commission d’enquête “soit aussi l’occasion de réfléchir à un certain nombre de pistes, de tirer toutes les leçons que nous pouvons ensemble tirer sur l’acceptation de la vaccination et de la prévention dans notre pays”.
La commission d’enquête, composée de 30 députés, sera constituée dans les tous prochains jours.
Elle disposera d’un délai de six mois pour enquêter “sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination de la grippe A (H1N1) dans le but de faire des propositions au gouvernement pour rendre plus opérationnels, efficaces et réalistes nos futurs plans de vaccination contre les pandémies”.
Le Sénat avait décidé le 11 février, à la demande du groupe communiste et apparentés, de créer une commission d’enquête sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion de la crise.
Wolfgang Wodarg, médecin allemand et ancien député social-démocrate, a reproché le 26 janvier à l’OMS d’avoir “semé la panique”, lors d’une audition devant l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
Selon lui, l’OMS a affirmé que le virus ferait “au moins 500.000 morts”, ce qui aurait permis “à l’industrie pharmaceutique d’engranger des recettes très juteuses”.
Il en est résulté, a-t-il dit, un surcroît de dépenses de 18 milliards de dollars pour les systèmes de santé publique.
Keiji Fukuda, conseiller spécial auprès du directeur général de l’OMS sur les pandémies grippales, avait défendu devant le Conseil de l’Europe la stratégie de l’organisation.
Il a nié que la décision de l’agence des Nations unies de déclarer l’état de pandémie ait été influencée par les liens qu’entretiennent nombre d’experts de l’OMS, scientifiques ou chercheurs, avec les laboratoires pharmaceutiques.
Emile Picy, édité par Yves Clarisse
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