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L’ajout de glyphosate dans l’assiette inquiète des médecins et des chercheurs – RADIO-CANADA

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Un enfant mange des pois chiches. Santé Canada veut permettre deux fois plus de résidus de glyphosate sur des légumineuses.
PHOTO : GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO / OSCAR MARTIN

L’industrie des pesticides soutient qu’il n’y a pas de danger et Santé Canada juge le risque acceptable.

 
 

La volonté du Canada d’autoriser plus de résidus du pesticide glyphosate dans l’assiette suscite l’indignation. Des médecins et des chercheurs dénoncent une idée à contre-courant pour laquelle les risques ne sont pas suffisamment connus.

La professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Maryse Bouchard a été « surprise » et « un peu sidérée » d’apprendre que le gouvernement fédéral veut permettre deux à trois fois plus de résidus de glyphosate sur des légumineuses et des noix que consomment les Canadiens.

C’est difficile à justifier, dit la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les contaminants environnementaux et la santé des populations.

Ironiquement, Santé Canada nous dit de manger plus de légumineuses. Il y a d’ailleurs des gens qui font une grande consommation de ces protéines végétales.

Une citation de :Maryse Bouchard, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les contaminants environnementaux et la santé des populations

Les fabricants et distributeurs de pesticides, représentés par CropLife, affirment que les nouvelles limites envisagées par Ottawa sont fixées à des niveaux bien inférieurs à la quantité qui pourrait présenter un risque pour la santé humaine.

De son côté, Santé Canada juge qu’aux limites maximales de résidus proposés, ces résidus ne poseront pas de risques inacceptables.

Je ne crois pas qu’on a les données pour affirmer ceci, lance Maryse Bouchard. Il n’y a pas d’études qui ont montré que le glyphosate était sans effet sur la santé, au contraire.

Selon elle, le risque du glyphosate est mal comprismal quantifié et on manque de données sur ce sujet.

Des contenants de Roundup sur les tablettes d'un commerce.

Le glyphosate est la matière active présente dans l’herbicide le plus vendu sur la planète, le Roundup.

PHOTO : REUTERS / MIKE BLAKE

Santé Canada utilise surtout les études des fabricants

La présidente pour le Québec de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement Claudel Pétrin-Desrosiers s’étonne, elle aussi, des déclarations rassurantes de Santé Canada.

La majorité des études sont faites sur des animaux et à court terme, donc on ne considère même pas l’espérance de vie entière, dit-elle.

Il n’y a rien qui nous indique qu’il n’y a aucun risque à long terme.

Une citation de :Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente pour le Québec de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.

Santé Canada a déjà admis évaluer les pesticides en se basant principalement sur les études fournies par les fabricants.

Un changement à la demande de l’industrie agrochimique?

Le fédéral justifie de rehausser les limites afin de faciliter la vente et l’importation de denrées et d’aliments transformés qui dépassent les normes actuelles.

Les examens des limites maximales de résidus ont lieu régulièrement et sont généralement entrepris à la demande du titulaire d’homologation du produit, explique la porte-parole du lobby CropLife, Erin O’Hara.

Selon la représentante de l’industrie des pesticides, une raison de revoir les limites peut être un changement dans l’utilisation d’une certaine combinaison matière active-culture.

En effet, l’usage du glyphosate juste avant la récolte est à la mode, surtout dans l’ouest du pays, ce qui laisse davantage de résidus sur les aliments.

CropLife évoque aussi le désir d’harmoniser les limites avec un autre pays partenaire commercial. Cependant, la nouvelle norme proposée par le Canada est moins exigeante que celles de l’Union européenne, des États-Unis et de la Chine.

Craintes de conséquences sur les exportations canadiennes

Le député NPD Charlie Angus estime que le gouvernement fédéral a plié sous la pression des lobbyistes. Cette décision va affecter l’agriculture et l’exportation des aliments partout dans le monde, dit-il.

Un avis partagé par la professeure à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM Louise Vandelac.

Il risque d’y avoir une levée de boucliers du côté des pays européens.

Une citation de :Louise Vandelac, professeure à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM

Elle cite le cas des producteurs italiens qui ont boudé le blé canadien à cause de la trop forte présence de glyphosate.

Une décision à contre-courant

Alors que la tendance est presque partout de réglementer davantage les pesticides, Santé Canada s’inscrit dans une logique rétrograde et passive afin de répondre aux besoins de l’industrie, déclare Nadine Bachand, d’Équiterre.

Pour qui travaille Ottawa? demande le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. La planète évolue vers de nouvelles pratiques agricoles […] Ottawa fait l’inverse.

L’Allemagne a par exemple décidé d’interdire le glyphosate dès 2023.

Il n’a pas été possible d’obtenir une déclaration de la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu.

SOURCE : RADIO CANADA