Un enfant portant un masque en classe, en Allemagne.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, on observe que les enfants sont bien moins exposés au risque de développer une forme grave de la maladie que les adultes, et surtout les personnes les plus âgées. Une équipe de chercheurs de l’hôpital de la Charité de Berlin vient de découvrir l’une des raisons de ce phénomène : le système immunitaire des enfants est beaucoup plus actif dans les voies respiratoires supérieures.
Alors que l’Allemagne enregistre une augmentation du nombre de cas de Covid-19 chez les plus jeunes, la Commission permanente des vaccinations (STIKO) de l’Institut Robert Koch (RKI) a émis en date du 16 août 2021 un avis positif concernant la vaccination des enfants et adolescents de plus de 12 ans, emboîtant ainsi le pas aux ministres de la Santé des Länder. Certes, les moins de 12 ans ne seront pas vaccinés, mais même si le variant Delta n’épargne pas les enfants, on sait que, malgré un risque d’infection similaire, leur risque de contracter une forme grave de la maladie est très faible par rapport aux adultes. On a beaucoup spéculé sur la capacité des enfants à résister à l’infection ou sur leur infectiosité, sans établir pour quelle raison la maladie évoluait différemment chez eux. Une étude tout juste publiée dans Nature Biotechnology vient apporter des éléments décisifs de compréhension du mécanisme de défense des enfants face au Sars-CoV-2.
Le système immunitaire des enfants est beaucoup plus actif dans les voies respiratoires supérieures
Une équipe de scientifiques de l’Institut de santé de l’hôpital de la Charité de Berlin (BIH), de la faculté de médecine de la Charité de Berlin, de l’hôpital universitaire de Leipzig, et du Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ) de Heidelberg vient en effet de découvrir que le système immunitaire des enfants est beaucoup plus actif dans les voies respiratoires supérieures que chez les adultes, tout en mettant en évidence les mécanismes moléculaires qui permettent de mieux contrôler l’infection.
Pour arriver à cette conclusion, l’équipe du BIH a examiné et comparé des échantillons prélevés par écouvillonnage sur la muqueuse nasale de 42 enfants et de 44 adultes âgés de 4 semaines à 77 ans, testés positifs et négatifs au Sars-CoV-2. Aucun des enfants infectés n’avait développé de forme grave de la maladie, présentant uniquement des symptômes légers (rhume ou température légèrement élevée).
Dans ces échantillons, les chercheurs ont examiné un total de 268.745 cellules et analysé leur transcriptome (l’ensemble des ARN issus de la transcription du génome) afin de déterminer quels gènes étaient lus dans quelles cellules. Ils ont ainsi pu établir que la composition cellulaire des voies aériennes supérieures était différente chez les enfants et les adultes, sains et infectés. En effet, dans la muqueuse nasale des enfants en bonne santé, les cellules immunitaires (lymphocytes T, NKT, macrophages, cellules dendritiques, basophiles…) et épithéliales étaient déjà en état d’alerte et préparées à détecter le coronavirus, ce qui signifie que le système d’alerte inné précoce était déjà enclenché avant même que le virus n’ait pénétré dans leur nez. Leur nombre est ensuite resté stable lors de l’infection. En revanche, dans les échantillons des adultes en bonne santé, les cellules immunitaires n’ont été que rarement détectées, alors qu’elles étaient présentes en grand nombre chez ceux qui étaient infectés.