Syndicats et partis d’opposition ont joint leurs voix mardi pour dénoncer une déclaration de Christian Dubé sur la pertinence de l’état d’urgence sanitaire. Questionné sur le sujet en conférence de presse, le ministre de la Santé a affirmé que la mesure était toujours nécessaire compte tenu des négociations avec les employés de la fonction publique.
Selon lui, l’état d’urgence a un impact sur notre personnel, il a un impact aussi sur les primes qui sont payées à notre personnel
. De fait, une hausse temporaire de la rémunération a été accordée à des employés du réseau de la santé pour les encourager à demeurer en poste durant la pandémie.
Il admet d’ailleurs que l’état d’urgence a offert une certaine flexibilité
au gouvernement, et que, dans ce contexte, l’abandonner serait prématuré tant qu’on n’a pas réglé les conventions collectives avec le Conseil du Trésor
.
L’état d’urgence sanitaire est en vigueur au Québec depuis le 13 mars 2020. Parallèlement, le gouvernement doit renouveler les conventions collectives des employés de l’État, y compris les infirmières et les préposés aux bénéficiaires du réseau de la santé, échues depuis plus d’un an.
Les syndicats sont furieux
La vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville, n’a pas tardé à réagir aux propos du ministre de la Santé. À son avis, le gouvernement vient de démontrer que l’imposition de l’état d’urgence est désormais un choix politique.
Pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs des services publics qui se voient imposer des conditions de travail à coups de décrets, depuis plus d’un an, cette déclaration est aberrante.
Il s’agit aussi de l’admission, selon elle, que les salaires actuels sont nettement insuffisants, puisque le ministre semble craindre une désertion du réseau s’il retire les primes COVID
.
l’apparence d’abus des lois du travail depuis quelques mois.
La mauvaise foi du gouvernement est à nos yeux plus que confirmée, elle est même assumée. C’est proprement scandaleux
, dénonce la présidente de la centrale syndicale, Sonia Éthier, qui y voit une confirmation que la pandémie est devenue un prétexte pour violer les lois du travail.
De son côté, la FTQ a préféré ne pas commenter les propos du ministre.
Indignation des partis d’opposition
Premier à réagir, Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, s’est dit soufflé
par ce qu’il a entendu.
C’est irresponsable et dangereux d’instrumentaliser l’état d’urgence sanitaire pour mettre la pression sur les syndicats dans un contexte de négociation. Ça n’a strictement rien à voir avec la pandémie!
Il demande au premier ministre Legault de rectifier le tir, en réaffirmant que l’état d’urgence sanitaire sera levé dès qu’il ne sera plus nécessaire pour protéger la santé de la population.
L’évolution des négociations collectives des employés de la fonction publique ne mérite aucunement de se voir manipuler par l’établissement d’un rapport de force qui n’aurait plus lieu d’être
, dit-elle.
Quant à Joël Arseneau, du Parti québécois, il trouve inadmissible
que le gouvernement utilise l’urgence sanitaire comme levier de négociation avec le personnel de la santé
.